fronder

fronder

fronder [ frɔ̃de ] v. <conjug. : 1>
• 1611; fonder XIIIe; de 2. fronde
I V. intr.
1Vx Lancer un projectile avec une fronde.
2Hist. Appartenir au parti de la Fronde (1649). Par anal. Être frondeur. Cette fâcheuse manie « de fronder et de gronder à propos de tout » (Amiel).
II V. tr. Fig. et littér. Attaquer ou railler (une personne, une chose, généralement entourée de respect), en usant contre elle de traits d'impertinence, de moquerie, de satire. attaquer, critiquer. Fronder le gouvernement, le pouvoir. ⊗ CONTR. Flatter.

fronder verbe transitif (de fronde 2) Littéraire. Critiquer le pouvoir, l'autorité en les provoquant : Fronder le gouvernement.fronder verbe intransitif Au XVIIe s., prendre part à la Fronde.

fronder
v. tr. Critiquer, railler (ce qui est habituellement respecté). Fronder le gouvernement.

I.
⇒FRONDER1, verbe.
A.— Emploi trans., vieilli. Lancer un projectile avec une fronde. Fronder des pierres (Ac. 1835, 1878).
P. ext. Lancer un objet avec violence. Il lui fronda une assiette à la tête (Ac. 1835, 1878).
B.— Emploi intrans. Utiliser une fronde. Des petits garçons, des enfants qui s'amusent à fronder (Ac.).
Prononc. et Orth. :[], (il) fronde []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. fronder2.
II.
⇒FRONDER2, verbe.
A.— Emploi intrans., HIST., vieilli. Participer à la révolte de la Fronde; appartenir au parti de la Fronde. On vit des duchesses fronder (DAVAU-COHEN 1972).
P. ext. Contester le gouvernement, l'autorité; user de la critique à propos de tout :
1. ... cette fâcheuse manie genevoise, de fronder et de gronder à propos de tout, du temps, de la table, des gens et des choses.
AMIEL, Journal, 1866, p. 396.
B.— Emploi trans. Contester l'autorité de (un pouvoir politique), faire preuve d'irrespect (envers le pouvoir). C'était là aussi [à l'hôtel de la princesse de la Trémouille] que les orateurs du royalisme exalté et de l'émigration irréconciliable venaient concerter leur opposition, fronder les Tuileries, aspirer au règne du comte d'Artois, ce roi anticipé des vieilles choses (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 308). Durant les règnes des deux premiers Hanovres, les Tories étant suspects de sympathie jacobite et la Gentry frondant la nouvelle dynastie (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 97).
P. ext. Critiquer un personnage important, une institution, une époque ou les caractères d'une époque; railler, se moquer de quelque chose ou de quelqu'un. Fronder les gens en place; fronder la justice, la religion; fronder les modes, les préjugés; fronder un maître; un peintre à la mode. J'aime la province quand elle est elle-même, quand elle ne singe ni ne fronde Paris (SAINTE-BEUVE, Cahiers, 1869, p. 139). Fronder l'art en ne l'attaquant que là où il est devenu artifice, et appeler factice toute surnaturelle beauté (GIDE, Feuillets, 1911, p. 345) :
2. [Amélie :] — Rome et ses prêtres officiaient dans des calices d'or et de pierreries; les Hussites affectaient d'officier dans des vases de bois, pour fronder le luxe de l'Église, et pour simuler la pauvreté des apôtres.
SAND, Consuelo, t. 1, 1842-43, p. 314.
Prononc. et Orth. :[], (il) fronde []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1611 « lancer avec une fronde » (COTGR.); 1654 hist. (SCARRON, Œuvres, 145 ds RICHARDSON); av. 1662 « attaquer, critiquer » (PASCAL, Pensées, éd. L. Brunschvicg, section V, § 294, p. 219). Dér. de fronde2; dés. -er; l'a. fr. connaît déjà une forme fonder « jeter » (XIIIe-XIVe s. ds GDF. et T.-L.); le développement du sens fig. semble s'être fait à partir de l'emploi de ce verbe par le conseiller du Parlement Bachaumont lors de la rébellion des Grands contre Mazarin pendant la minorité de Louis XIV, propos rapporté av. 1679 dans ses Mém. (II, 493) par Retz : cf. REGNIER Retz : « Bauchaumont s'avisa de dire un jour, en badinant, que le Parlement faisoit comme les écoliers qui frondent dans les fossés de Paris, qui se séparent dès qu'ils voient le lieutenant civil ». (BL.-W.); v. aussi MÉN., s.v. frondeur et FEW t. 3, p. 862.
STAT. — Fronder1 et 2. Fréq. abs. littér. :38.
BBG. — CARRIER (H.). Le Mot Fronde : sens et implications. Cah. Lexicol. 1968, t. 13, pp. 15-31.

fronder [fʀɔ̃de] v.
ÉTYM. 1611 v. tr.; fonder, XIIe; de l'anc. franç. fonde, puis de 2. fronde.
———
I (1649). Vx. Lancer un projectile avec une fronde. || Gamins qui s'amusent à fronder.
(1611). Trans. || Fronder des pierres.
———
II V. intr. (1649). Hist. Appartenir au parti de la Fronde. 3. Fronde.
1 Bachaumont s'avisa de dire un jour, en badinant, que le Parlement faisait comme les écoliers qui frondent dans les fossés de Paris, qui se séparent dès qu'ils voient le lieutenant civil et qui se rassemblent dès qu'il ne paraît plus.
Retz, Mémoires, II, Pl., p. 287.
(Av. 1662, Pascal). Par anal. Être frondeur (→ Ébranler, cit. 8). || Un homme qui passe sa vie à fronder, qui se dresse en mécontent contre tout et tous.
Par ext. (vx). || Fronder contre qqn, se livrer contre lui à des attaques.
2 On a frondé si rudement contre Monsieur de Saint-Malo, que son neveu s'est trouvé obligé de se battre contre un gentilhomme de basse Bretagne.
Mme de Sévigné, 480, 22 déc. 1675.
———
III (1662, Molière; métaphore des emplois transitifs vx du sens I.).
Attaquer ou railler (une personne ou une chose, généralement entourée de respect, de prestige, de considération) en usant contre elle de traits d'impertinence, de moquerie, de satire. Attaquer, critiquer. || Fronder le gouvernement, le pouvoir. || Fronder les ministres dans des couplets moqueurs. Chansonner. || Épigrammes, satires qui frondent les travers, les ridicules, d'un personnage ou d'une époque. || Élèves qui frondent leur professeur. Chahuter. || Fronder un livre, une pièce à succès.
3 La cour a quelques ridicules (…) et je suis (…) le premier à les fronder.
Molière, Critique de l'École des femmes, 6.
4 Bien des gens ont frondé d'abord cette comédie (…)
Molière, l'École des femmes, Préface.
5 Il ne portait pas des jugements plus avantageux des autres livres; il les frondait tous sans charité.
A. R. Lesage, Gil Blas, IV, VI.
6 (…) je sentais en dépit de moi-même une prédilection secrète pour cette même nation que je trouvais servile et pour ce gouvernement que j'affectais de fronder.
Rousseau, les Confessions, V.
6.1 Dès cette époque, il (Renan) écrit : il y a deux sortes d'indépendances d'esprit, l'une hardie, présomptueuse, frondant tout ce qui est respectable, c'est une sorte d'indépendance qu'en tout état de vie ma conscience et l'amour sévère de la vérité m'interdiraient.
M. Barrès, Mes cahiers, I, p. 62.
7 Il avait un petit frisson de terreur voluptueuse, en l'entendant fronder les réputations de la ville et contrefaire impertinemment le grand-duc.
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, II.
8 (…) il se distinguait au Palais par un zèle violent à défendre les citoyens et à fronder le pouvoir (…)
Louis Madelin, la Fronde, IV.
CONTR. Courtiser, flagorner, flatter.
DÉR. 3. Fronde, fronderie.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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